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Historique

L'allée des Bains, ancienne allée de la Pique, fait partie du réseau d'allées projeté dès 1808 et mis en oeuvre en 1818 qui devait poser les bases de la "ville-jardin" qui se développa tout au long du XIXème siècle au Sud-Est de la vieille ville de Bagnères-de-Luchon, entre les allées d'Etigny et la rivière de la Pique.

Cette allée, au rythme syncopé d'alignements interrompus par des immeubles disposés en retrait de la voie publique, voire par des constructions isolées en milieu de parcelles, ménage une sorte de transition entre les très urbaines allées d'Etigny et le très résidentiel quartier Casino-Pique exclusivement constitué de villas avec jardins.

Sur la rive sud de l'allée des Bains, la villa Pyrène, ainsi nommée depuis le début du XXème siècle au moins (voir cartes postales anciennes), s'inscrit précisément en retrait des deux constructions mitoyennes pour s'aligner, à l'arrière, sur l'avenue du Docteur Lambron. L'immeuble aurait été construit vers 1850 pour accueillir, sous le nom d'Hôtel des Princes, une clientèle de curistes anglais. Il fut en tout cas réaménagé autour de 1900 et maintint son activité hôtelière jusqu'en 1920. Il est devenu ensuite un simple immeuble d’habitation.

Signalée dans la bibliographie et notamment par Lise Grenier dans son ouvrage « Le voyage aux Pyrénées ou la route thermale », repérée par les chargés d’étude de la ZPPAUD en cours d’élaboration, la Villa Pyrène fut ensuite inscrite au titre des Monuments Historiques : inscription sur l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques des façades et toitures des deux vérandas et de la grille de clôture sur l’Allée des Bains, le 6 avril 2004.

Avec le conseil du service départemental de l’Architecture et du Patrimoine une première tranche de travaux a permis la réfection de la toiture et des ferronneries des deux vérandas.

Une deuxième tranche, le ravalement de façade avec enduit à la chaux ainsi que la conservation des panneaux en tôle peinte dont les techniques actuelles ne permettent pas la restauration, dans une caisse adaptée.

Enfin la réalisation de copies. Ce décor est le résidus d’un ensemble beaucoup plus important de peintures qui recouvraient entièrement les murs mitoyens de la cour ; des photographies conservées par d’anciens propriétaires donnent une idée de ces peintures murales, évocation des montagnes pyrénéennes dont certaines séquences ont d’ailleurs été reprises pour l’ornementation des frises de tôle et qui ont malheureusement disparu lors de travaux d’assainissement effectués en 1981.

Description

Située sur une étroite parcelle traversante axée nord-sud, la villa Pyrène offre la particularité d'une double entrée, l'accès se faisant à l'origine aussi bien par l'avenue Lambron, véritable entrée de l'hôtel, que par l'allée des Bains où l'immeuble s'ouvre sur une cour-jardin.

Elle se compose d'un corps de logis et de deux vérandas séparées mais disposées à la manière d'ailes en retour.
Le logis comporte un étage de soubassement dans lequel étaient logés les services ; un rez-de-chaussée surélevé dont l'entrée principale, anciennement côté sud, est toujours indiquée par un vestibule avec courte volée d'escalier ; trois étages carrés, les deux premiers de même hauteur, le troisième plus bas sous plafond ; enfin, un étage sous comble consistant en une succession de chambres de domestiques éclairées par de petites lucarnes.

Le plan a peu près identique à chaque niveau est distribué par une circulation centrale greffée sur la cage d'escalier et desservant de part et d'autre trois pièces en profondeur, celle du milieu étant presque toujours obscure. L'escalier, une volée tournante en bois, donne accès à une superposition de réduits entresolés qui contiennent les toilettes de chaque étage de l'hôtel et sont logés dans un avant-corps central fortement saillant sur la façade nord ; de chaque côté des loggias ont pu être aménagées qui rattrapent l'alignement de la façade et qui, à hauteur du premier étage, permettent d’accéder aux terrasses qui couvrent les deux vérandas.

La façade sud, en situation un peu étrange du fait du non alignement des constructions des parcelles mitoyennes présente l'élévation classique d'un immeuble urbain du XIXème siècle : ordonnance régulière à cinq travées sur quatre niveaux, accent mis sur la travée centrale dont la porte d'entrée est surmontée de balcons sur deux niveaux ; forte présence des grilles, appuis et rampes en fonte ouvragée.

La façade sur l'allée des Bains offre au regard du reste de l'édifice un luxe d'ornementation qui, alliant les ressources de l'architecture métallique, de la céramique, de la peinture murale et de la sculpture, donne à la villa Pyrène une place privilégiée dans le déroulement de la promenade qui va des thermes au Casino. La façade proprement dite, creusée de loggias avec rampes en fonte, a concentré son décor sur l'avant-corps central : la porte d'entrée néorenaissance y est encadrée de bossages rustiques et surmontée d'un médaillon à motif de cuirs (monogramme BD) ; au-dessus de son entablement un groupe sculpté allégorique représentant les eaux de Luchon s'inscrit dans une double travée composite ; une marquise en métal et bois protège l'ensemble de la composition de ce premier niveau et affiche en lettres découpées l'enseigne de rétablissement. Au-dessus un décor plus discret comprend une lourde guirlande néo-classique sur l'entablement de la fenêtre du second niveau, un motif d'amortissement en forme d'ailerons autour de la fenêtre du troisième niveau.

Au-devant de cette façade, l'espace de la cour est entièrement investi par une architecture métallique légère comprenant deux vérandas sur lesquelles prend appui une verrière-pergola. La grille de clôture sur l'allée fait écho à cette organisation à trois travées de la cour avec l'ouverture de trois portillons. Sortes de salons d'été en plein air en prise directe sur le spectacle des allées, les deux vérandas sont constituées par une structure en fonte ouvragée couverte en terrasse et établie au-dessus d'un niveau de soubassement maçonné, deux longues pièces éclairées par des soupiraux sur la cour. Sur la rue, une menuiserie vitrée, en bois tourné et sculpté pour la partie pleine, ferme l'extrémité des deux ailes qui, à l'intérieur, sont ornées d'un carrelage de sol et de panneaux d'appui en marbre.

Un décor soigné habille la structure métallique : un lambrequin en fait le tour, composé sur la rue de la superposition d'une frise de bois découpé et d’une frise en céramique peinte ; sur la cour, d'une frise de grands panneaux de tôle peinte. Ces panneaux sont au nombre de six : les deux grands panneaux de l'arrière évoquent le "bestiaire pyrénéen" sur fond de paysage montagnard ; les quatre panneaux côté cour, plus esquissés que réellement peints, présentent une composition d’arabesques avec médaillon central toujours sur fond de montagnes. Une trame quadrillée semble indiquer que l'on a voulu imiter dans la cour les carreaux de céramique de la frise antérieure. Ce décor était complété par quatre compositions murales de grands paysages qui tapissaient le fond des vérandas et les murs de liaison avec le logis. Ont en outre disparu les deux panneaux peints d'arabesques qui encadraient la marquise de la porte d'entrée, formant un fronton orné d'arabesques.

Hôtel de voyageurs, la villa Pyrène est surtout remarquable pour son architecture d’accompagnement en fonte ouvragée. Au-delà de ses qualités esthétiques, ce dispositif de vérandas couvertes en terrasse offrait à la clientèle des possibilités de plein air à défaut de jardin, et la jouissance du spectacle de la promenade de l'allée des bains.
Cet ensemble constitue sans doute l'un des témoignages les mieux préservés de l'architecture de villégiature de la ville.

Visites

La façade et les vérandas sont accessibles et ouvertes aux visiteurs à partir de l’allée des Bains. L’office du tourisme de Bagnères-de-Luchon organise des visites de la ville à pied commentées : architecture, parcs et jardins, extérieur des thermes, etc : "Luchon et son passé".